Récits de vie et de voyage, biographies et monographies

Je vous rencontre, vous écoute attentivement, analyse votre demande et vos besoins. 

Je transcris vos paroles, sans vous trahir et réalise un écrit qui vous révèle.

A portée de mots, récit de vie et de voyage

Récits de vie

  • Vous souhaitez vous raconter et transmettre votre histoire à vos descendants…
  • Vous êtes à un tournant de votre existence et ressentez le besoin de faire une pause, un bilan, pour reprendre le contrôle de votre vie…
  • Vous avez vécu un traumatisme grave (deuil, choc, maladie) et souhaitez en faire le récit pour mieux tourner la page…
  • Vous avez accompli quelque chose d’exceptionnel, dont vous tirez une certaine fierté et que vous voulez partager…

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Récits de voyage

  • Vous avez accompli un beau voyage

  • vécu une aventure originale

  • exploré le monde…

     

    Vous souhaitez relater votre expérience, décrire les paysages traversés, les peuples rencontrés, exprimer les émotions que vous avez ressenties…

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Monographies

  • Vous désirez raconter l’histoire de votre village, de votre ville, de votre quartier, de votre entreprise ou de toute autre structure

  • Vous souhaitez mener une étude approfondie sur votre métier, sur une œuvre, un monument…

     

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Biographies

  • Vous voulez réaliser la biographie d’une personne vivante ou décédée.

     

    Je me charge de réunir les éléments d’information utiles, de les analyser et de les vérifier, puis de rédiger le livre dédié.



Extraits d'une courte biographie d'une couturière

Niché entre Loire et coteaux, Turquant se dresse fièrement face au fleuve que toise la falaise de tuffeau creusée d’habitats troglodytiques.

C’est dans cette petite cité de caractère, entre Saumur et Montsoreau, qu’Isabelle Claudel a élu domicile.

 

[…]

 

Entre ses mains agiles, les vieux draps, torchons, toiles à matelas, bonnets et chemises de nuit, serviettes et mouchoirs, jupons et culottes sans fond retrouvent une seconde vie. Le jute crème, le rustique chanvre, le lin rêche, le grossier coton et la toile à matelas se métamorphosent en linge de maison d’une rare élégance, dont les pièces composeront le décor d’intérieurs raffinés.

 

Isabelle parle de son activité comme on récite un poème en prose, prononçant avec gourmandise des mots dont la sonorité suscite l’émotion et reflète la beauté d’une étoffe ou d’un outil.

 

Dans sa bouche, ces mots qu’elle aime semblent s’animer sous le feu de la passion. Le galbe projette sur l’écran de l’imaginaire le profil gracieux d’une hanche, tandis que le perroquet – instrument de couture destiné à tracer des courbes – dessine la silhouette arrondie de la tête de l’oiseau. La verquelure – forme sophistiquée d’une toile de chanvre à carreaux – et le kelsch – tissu de lin, coton ou métis – nous transportent aux confins de l’Allemagne, en Pays de Montbéliard et en Alsace.

 

La couturière voue un profond respect à la matière, tout particulièrement au chanvre dont elle admire le grain jusque dans ses plus visibles aspérités, dans sa rugosité, dans les nuances de ses fibres qui se découvrent au hasard d’un rayon de lumière et jouent avec le soleil.

 

Sans doute, la discrète et réservée Isabelle conçoit-elle un peu de gêne quand on lui prête une relation charnelle ou physique avec le tissu. Pourtant, il faut l’entendre parler de son métier et sentir le plaisir qu’elle y prend ! Il faut la voir caresser le pan lourd d’un rideau en passant près d’une fenêtre, accompagner de ses doigts aguerris une piqûre aveugle sur l’envers ou soumettre le renflement épais de l’ourlet d’un ouvrage de chanvre en l’aplatissant à coups de marteau.

 

[…] 

Depuis l’église de Turquant, on accède à la demeure d’Isabelle et à sa boutique-atelier par une ruelle étroite, déclive douce flanquée de part et d’autre d’habitations en tuffeau. Au numéro 17 de la rue des Martyrs, sur le grand portail gris, on peut lire : Atelier de couture, la maison d’à côté. On pénètre dans la propriété après avoir tiré sur une clochette, à l’aplomb du pilier d’entrée. De hauts murs crayeux dissimulent les bâtisses dont on devine déjà le style et les richesses encloses. La fenêtre sur rue, huisserie de bois vieilli, forme un charmant tableau composé de gracieuses cantonnières froncées auxquelles pendent des pompons de lin en forme de cœur, ornés de monogrammes brodés. Le tuf, omniprésent, la cour de gravier fleurie, enceinte de hauts murs, l’abri à bois, la cave, le puits et les escaliers moussus exhalent une haleine boisée de champignons et de troglodytes.

 

La venelle dallée qui conduit à la boutique sonne comme une invite à visiter. L’atelier, maison-musée, s’ouvre par une porte basse grinçante sur un espace lumineux empli d’ouvrages en tissu. Carreaux de terre cuite, poutres de chêne foncé et murs patinés à l’ancienne confèrent à la pièce un style résolument champêtre. Pas un espace ne subsiste qui n’ait bénéficié des compétences d’Isabelle en décoration et couture d’ameublement. 

 

[…] 

 

La passionaria de la couture ne tarit pas de commentaires sur ses créations, détaillant par le menu les techniques employées, souvent complexes, qui font son succès. Quoique par nature modeste, elle se félicite, à juste titre, de plis religieuse particulièrement bien exécutés et de rideaux doublés agrémentés d’empiècements géométriques à l’assemblage difficile.

C’est là qu’elle existe, Isabelle, dans cet environnement agreste cerné de plateaux viticoles et de falaises calcaires trouées comme des gruyères, croulant sous des monceaux d’étoffes rustiques et précieuses, libre et indépendante, au milieu des siens. 

 

[…]

 

À l’uniformisation des modes et des tendances, Isabelle oppose des produits uniques et personnalisés. À la consommation de masse, elle répond par une mode éthique et durable. Sans prosélytisme aucun. Juste par le goût du beau, par l’utilisation de matières naturelles et recyclées, par l’exemple de sa sobriété.

Elle offre ainsi à chacun la possibilité d’exercer sa responsabilité citoyenne en consommant autrement, mais également de se singulariser par l’achat d’articles de confection sur-mesure qui embellissent les maisons et les vies.  

 

[…]



Extraits d'une courte biographie d'une luthière

Au cœur du Saumur historique, le quai Mayaud s’étire entre les places République et Notre-Dame. Les altières façades de tuffeau longent la Loire qui glisse paisiblement vers le pont Cessart.

Au numéro 69, l’ancien Hôtel Belvédère, ornementé de chapiteaux corinthiens et d’élégants balcons de fer forgé, accueille l’atelier de lutherie d’Adèle Débias.

 

Adèle a trente ans, mais elle a conservé de l’enfance toute la grâce et la fraîcheur. Sous une épaisse chevelure de jais retenue en chignon, son visage au teint laiteux, troué de deux amandes bleu pâle, inspire mélancolie et douceur.

 

Pourtant, derrière une réserve et un flegme apparents, l’œil vif et le regard pénétrant trahissent l’opiniâtreté d’une jeune femme de solide complexion.

Dans le silence qui précède ses réponses, sa pensée doucement infuse. Réfléchie et concentrée, Adèle s’applique à satisfaire la curiosité de son interlocuteur.

 

[...]

 

La jeune professionnelle doit sa vocation au luthier qui a accompagné son enfance de musicienne. Elle se le rappelle avec émotion, le revoit, absorbé par sa besogne, sous la lumière tamisée de l’atelier. Sur l’établi où couchaient, épars, de menus outils, l’homme s’affairait, dans l’air saturé d’odeurs de térébenthine et de copeaux frais d’épicéa ou d’érable ondé. L’enfant l’apercevait dans l’arrière-boutique d’où s’échappaient quelques sons – cordes pincées et raclements de semelles de rabots –, de même que les bruits étouffés de morceaux de bois qui s’entrechoquaient.

 

L’atelier d’Adèle, derrière sa coquette devanture, s’ouvre sur une vaste pièce où trône un bureau de chêne auquel le sous-main intégré en cuir sapin confère une certaine élégance. Dans la haute vitrine qui s’étale largement sur un pan de mur pendent des violons, rigoureusement ordonnancés : instruments réparés, prêts à vendre ou à louer, pour adultes ou pour enfants, et instruments à restaurer.

 

Au pied de l’imposant meuble patientent deux violoncelles en attente d’adoption. Un troisième se prépare à la fin du voyage : il sera désossé et ses pièces réutilisées.

 

Plus loin, sur un chiffonnier, des bouquets de baguettes de toutes tailles attendent de devenir des âmes, au côté de pinceaux à colle, couteaux à détabler, cales de restauration… Les tiroirs dissimulent encore d’autres trésors : des boîtes à pigments – ocres, rouges, terre –, destinés aux retouches de vernis, et des accessoires en nombre – cordes, colophane, coussins, cordiers, mentonnières et archets.

Sur l’établi placé près des pierres à eau, des outils de restauration aux noms poétiques composent un monde étrange et enchanteur : les presses, de la famille des lousses, coudoient les pointes aux âmes, les gabarits, les précellentes scies japonaises, les compas d’épaisseur, les gouges, les ciseaux à bois, les rabots et les canifs, – et la colle animale, élaborée à partir d’os et de nerfs de lapin. La térébenthine, l’huile de lin et les minces copeaux de bois oubliés au sol, regroupés en un petit tapis végétal, embaument l’atmosphère.

 

[...]

 

Quand elle restaure, Adèle s’attache à préserver au mieux le bois d’origine et à réaliser d’invisibles réparations. Le nécessaire respect de l’instrument, de son histoire, de ses caractéristiques et de l’artisan qui l’a façonné requiert une certaine humilité. Il protège de la tentation de modifier l’objet et de laisser une trace de son intervention.

 

Adèle a appris à se défendre de pareille envie et de l’orgueil qui s’y attache. Elle restaure avec humilité et soin, se met au service de l’instrument, en corrige les défauts pour assurer sa bonne fonctionnalité, s’employant à influencer le moins possible ce qu’il est.

Certaines restaurations exigent plusieurs mois de travail. La plus courante de ces opérations consiste en la remise en état d’un violon ancien.

 

Armées d’un chiffon de lin découpé dans de vieux draps, les mains agiles nettoient la surface du violon. Le tissu, trempé dans la popote – un liquide ocre à base de pierre ponce, de savon et d’huile – ravive le vernis, nettoie les taches et révèle recollages des bords et discrètes fractures. Équipée d’un rabot, la restauratrice redresse la touche, cette longue pièce d’ébène sur laquelle danseront les doigts. À l’aide d’un gabarit, elle s’assure de bien conserver le radius – l’angle du bombé de la touche –, puis, avec une lime queue de rat, reprend les crans du sillet dont elle vérifie la rectitude et le niveau.

 

La luthière présente le violon dont elle vient d’achever la réparation. Elle a rebouché un trou de cheville fracturé avec un cône façonné dans du buis. Elle a aussi reposé un bouton et une nouvelle âme en épicéa qu’elle a introduite par les ouïes et maintenue sous pression à l’intérieur. Elle a achevé son ouvrage en taillant un nouveau chevalet, l’ajustant avant d’y poser les cordes.

 

La passion transpire dans le patient exposé de mademoiselle Débias. Assurément, elle aime son métier. Jusque dans le son mat de deux pièces de bois qui s’imbriquent parfaitement, dans les traces brillantes et chaudes que laisse la cheville impeccablement ajustée au trou savonné, dans le manche qui claque en s’enclavant dans la caisse, ou dans la douceur de la touche longuement polie.

Elle en aime le jargon : la poucette, la varlope, la pointe aux âmes, la couronne d’éclisses, la volute ou le coquillon, autant de termes raffinés qui soulignent la noblesse de la mission dévolue au luthier.

 

[...] 



Extrait de « Chemin de traverse », récit de voyage de Jean-Noël Guennan

Le lendemain soir, je suis plutôt bien décontracté et affiche une bonne forme. Laurence repart à Vannes et me dépose devant l’entrée du couvent de la Haye-aux-Bonshommes. 

Frère Channel m’accueille et m’invite, ou plutôt m’impose directement les vêpres du soir. Assis sur un banc, je me vois remettre un livre de psaumes entre les mains par mon protecteur, qui me désigne la page avec son doigt, pour que je suive de très près l’office. Il surveille même régulièrement pour contrôler si je suis bien à la bonne page. J’ai l’impression d’être un enfant de dix ans. (À ce moment-là, j’ai manqué de culot, car j’aurais dû prendre mes jambes à mon cou et mon sac et me barrer vite fait, car la suite fut pire.) 

À la fin des vêpres, où je me suis montré un chrétien discipliné, je pense naïvement que, comme chez tout hôte respectable, je vais me voir offrir le pot de bienvenue, l’apéro quoi, comme on dit chez nous ! Mais non ! Frère Channel ne me lâche pas. Je ne peux même pas parler aux autres frères ou visiter le couvent. 

Il me conduit dans un petit local exigu, juste meublé d’une table et de deux chaises, où nous devrions dîner, lui et moi, en tête à tête, comme deux bons amis. Mais non, on n’est pas de bons amis ! Pour lui, je suis juste une brebis perdue qu’il faut remettre dans le droit chemin. Mais moi, mon chemin, je sais où il va, et même s’il est parfois tortueux ou sinueux, je m’y retrouve.

 

Après le bénédicité, je subis un prêche d’un autre âge. À un moment, il se lève en dressant les bras au ciel dans une espèce de transe ; je commence alors à croire que je vais finir en enfer ou qu’il est temps que je renoue avec le bien, pour expier tous mes péchés.

 

À cet instant, c’est trop, stop ! on va revenir sur terre ! Je tape même sur la table. Le moine, pauvre diable, en transpire. Je lui demande ma chambre, refusant la prière du soir et le mettant en garde contre toute visite inopinée.

Je me barricade, puis ne passe pas une très bonne nuit.

Au matin, après un rapide petit-déjeuner au réfectoire, où je me trouve seul (ouf, personne en vue, sauve-qui-peut !), je m’éclipse.

[...]

 

C’est le jour des ennuis. Comme tous les médicaments qui présentent des effets secondaires, m’est avis que les petites graines que Jean m’a données contre le mal de dos en comportent aussi, lesquels se manifestent au niveau de mon … (un endroit que l’honnêteté et la décence m’interdisent de préciser davantage : c’est de Pierre Dac). Je souffre de démangeaisons et brûlures dont la localisation rend la marche pénible. 

 

Je prends donc conseil au village, auprès de deux jolies et gentilles pharmaciennes, Laurie et Laure, qui me gratifient d’une pommade miracle qui produit son effet en quelques heures. 

 

Encore troublé par ces désagréments, je me trompe de chemin et dois couper à travers champ pour retrouver ma route, sous le regard bienveillant de deux concitoyennes aux mamelles bien gonflées. Au milieu d’elles évolue un mâle protecteur, doté d’une masse musculaire dont j’imagine facilement le volume et la puissance, et avec qui je n’envisage pas une confrontation. Or, ce monsieur taureau semble considérer d’un très mauvais œil la traversée de sa propriété. Je décide donc - pour éviter une entrevue qui n’arrangerait sûrement pas mes ennuis fessiers - de prendre la poudre d’escampette et de bondir par-dessus les barbelés. Dans la précipitation, je casse mes lunettes, mais je suis sain et sauf. Mon parcours s’achève à Pradelles, par la N 88 où circulent des camions, mais pas de taureaux.



Mimile, autobiographie